lundi 23 novembre 2015

Courir ou mourir (partie 1)

Courir ou mourir...

J'adore courir. En fait, j'adore être actif, depuis l'âge de mes 13 ans. 13 ans. Chiffre chanceux pour ma part. Ça été l'âge de mon second départ. Ma renaissance. Parce qu'avant, j'étais mort. Où c'était tout comme.

La maladie est parfois vicieuse. Elle nous surprends. On ne s'y attends pas. Elle est désolante. Et on la pleure.

Dans mon cas, elle a été salutaire. Elle m'a offert une nouvelle chance. J'ai une cri** de tête de cochon et je lui ai montré que je ne voulais pas d'elle. Mais étant enfant, je n'en était pas vraiment conscient. En fait, ce que je voyais, c'était le pourquoi moi? Et il fallait que ma rage sorte.

Aujourd'hui, les souvenirs s'entrechoquent. Ma mémoire est un peu affectée. La difficulté que j'ai éprouvée est maintenant reconnue. Ou plutôt comprise. Ou acceptée.

Plus jeune, j'ai fait un AVC. Des veines et un artère se sont bloquées dans mon cerveau, entrainant une paralysie complète du côté droit de mon corps. Mes souvenirs en sont flous, mais si vous lisez ces lignes aujourd'hui, c'est grace à mon est** de tête de cochon, et au support de ma famille.

«Je n'aurais pas du survivre». Ça, c'est ce que les médecins ont dit à ma mère au plus fort de la crise. «S'il revient, il sera dans un état neuro-végétatif»...

Une vie anéantie. Je suis père, et je peux vous dire que si un médecin me disait ça, je n'en mènerait pas large. Alors, IMAGINEZ.




Aujourd'hui, j'en parle plus ouvertement. De la chance que j'ai de pouvoir juste respirer. Voir du haut des montagnes. Et de pouvoir m'élancer dans un sentier. De voir le soleil se lever. Chaque jour. Je suis beaucoup plus conscient de la richesse qui m'entoure. De la profondeur des couleurs. De l'émotion qui en ressors. De ce qu'on appèle La Vie.



Oui, parfois, je trouve le fardeau lourd à porter. Après tout, c'est mon corps que je dois transporter. Et ce n'est pas toujours facile, je peux vous le dire. Je n'ai jamais osé le dire, mais j'ai le cerveau endommagé. Endommagé par le manque d'oxygène que le sang devait y fournir. Alors, une partie de moi s'est éteinte. Dans l'obscurité. Sans retour possible. L'oubli. Maintenant, tout est une question d'entretien. Car sans entretien, je tombe. Au sens propre. Et figuré, ma foi.

Depuis environ 1 an, ça m'arrive plus fréquemment. La première fois, qui était majeure, c'était à Bromont, lors d'une sortie d'entrainement. Plus récemment, lors d'un événement appellé Courir 6h en Coeur. Après avoir couru 5km, chute sur l'asphalte m'ayant obligé à marcher car j'étais un peu sonné. Je couru tout de même une distance de 45km cette journée là. Une fierté dans mon livre à moi, car la boucle n'avait que 1,5km. Plus récemment, un mardi matin, avec les lunettes emplies de buée, comme plusieurs autres matins auparavant




Alors voilà. Maintenant, c'est le temps de se reposer. Je crois que mon corps est fatigué. Essouflé. Je me sens parfois esclave de mon côté droit. Les influx nerveux voyageant de mon centre de commandes ne se rendent pas toujours à temps aux muscles visés, et le résultat s'en fait ressentir. J'ai parfois l'impression qu'il me tiens en hôtage. Mais sans avoir la possibilité de négotier.

Non. Je ne ressentirai jamais les choses de la même façon. Ma recherche d'harmonie musculaire sera toujours vaine. Les spasmes feront toujours partie de ma vie. La spasticité (réflexe neuronal de contraction musculaire) aussi: elle cache une faiblesse. Mon cerveau est endommagé, et je crois bien avoir atteint la limite physique du possible. Et c'est une belle limite. Que j'embrasse et que je chéris de tout mon coeur. Je lui dit merci de m'avoir supporté toutes ces longues années. De m'avoir entrainé dans toutes ces aventures... Je traine ma carcasse car j'aime ma carcasse. Oui, elle n'en fait parfois qu'à sa tête. Mais le contraire m'aurais surpris.

Appréciez chaque moment de la vie. Le dépassement de soi est le plus beau cadeau que vous pouvez vous faire. Même lorsque vous êtes par terre. Car c'est lorsque l'on se relève qu'on sait vraiment comment apprécier la profondeur des choses

La vie est une aventure qui mérite d'être vécue. Au plaisir de se croiser dans un sentier près de chez vous… ;-)

Maman, Papa, la Soeur... Je vous aime énormément!! :-D

4 commentaires:

  1. Wow... Très touchant. Bravo pour ta tête de cochon et ton attitude face à ce qui se passe, c'est très inspirant.

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    1. Merci Valérie. Ça n'étais pas facile au début, mais ma persévérance est venue à bout de bien des situations… Ce que nous avons à affronter nous sert tout au long de notre vie. Merci encore! :-D

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  2. La resilience c'est fort, que nos faiblesse devienne nos force tu en est un bel exemple mon ami. Tu es bon a lire se soir. Merci

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    1. Marie-Claude, c'est très touchant venant de toi… La sens de la survie en est un très fort, et l'adversité est un moteur insoupçonné qui engendre l'action dans des conditions qui sont loin d'être évidentes. Je suis tout de même chanceux de m'en être sorti à ce point. D'autres n'ont pas cette chance. Lorsque j'ai une mauvaise journée, je pense aux autres qui ne peuvent marcher. Qui ne peuvent parler. Qui ne peuvent écrire ou manger. Qui sont dépendants des autres… Durant ma réhabilitation, je l'ai vécu. LA frustration. Ne pas avoir la force de soutenir le poids de son corps pour marcher avec l'aide de barres parallèles. Ne pas pouvoir parler. Manger. Écrire. Calculer. Ne pas pouvoir se retenir. Bref, tout faire...

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